Du 21 juillet au 3 août 2016, environ 160 Ami-e-s de Silence se sont retrouvé-e-s à Begayne dans le Tarn et Garonne.
Ils ont posé tentes et Chapilopin sur le terrain de l’association Vallée & Co, qui les a généreusement accueillis pour l’occasion. C’est dans cet environnement que j’ai vécu ma première Rencontre. Je vais vous raconter mon expérience.
Comme tous les ans, chacun est heureux de se retrouver. Des amitiés fortes se sont tissées au fil des camps. Souvent, les ami-e-s reviennent d’une Rencontre à l’autre, attachés à ces moments de partage et d’échanges. Bien sûr, chaque été, de nouveaux ami-e-s s’ajoutent comme moi à la joyeuse troupe. Personnellement, je souhaite vivre et expérimenter les solutions alternatives autour de l’écologie et la non-violence avec des personnes qui partagent des valeurs communes.
Bien que beaucoup se connaissent déjà, je m’intègre au groupe avec une facilité déconcertante. Le contact est aisé et les Ami-e-s ouverts… à la Rencontre. J Le tutoiement est de circonstance et chacun est écouté quel que soit son âge. Tout le monde peut participer à la vie du camp, à son animation et aux décisions quotidiennes en assemblée générale.
L’autogestion, une organisation basée sur le volontariat
Pour la première fois, je découvre la vie en communauté et l’organisation autogérée. Les premiers jours, je me contente d’observer la façon dont le camp fonctionne. Chacun est invité à participer à la logistique à travers la réalisation de tâches quotidiennes : cuisiner, préparer l’eau pour les douches, vider les toilettes sèches et le compost… Finalement, j’opte pour les missions douches et cuisine. Une fois informée par les habitués de la marche à suivre, cela s’avère assez simple.
Les temps de repas sont l’une des premières occasions de mettre en pratique les valeurs des Ami-e-s de Silence. La cuisine proposée est bio, locale et végétarienne. Adoptant déjà cette démarche dans ma vie quotidienne, je suis tout de même ravie de découvrir de nouvelles saveurs à travers des menus très variés et davantage équilibrés que ceux que je me prépare habituellement. Cette année, nous avons parfois même eu la chance de déguster du fromage local.
Je suis également impressionnée par l’usage de cuiseurs autonomes, gros poêles à bois fabriqués à partir de bidons récupérés qui permettent de préparer un repas pour plus de 100 personnes sans électricité. Au moment du repas, l’équipe cuisine, majoritairement constituée d’enfants fait le service aux Ami-e-s affamé-e-s, assiettes et couverts à la main. Profitant de cet instant où tout le monde est rassemblé, les informations importantes concernant la vie de camp sont diffusées à la criée par un volontaire.
Les rencontres favorisent le partage de savoirs
Il n’y a pas seulement la vie de camp qui repose sur l’implication de chacun. Tout aussi essentiels, les ateliers sont animés par les ami-e-s qui le souhaitent. Véritable moments de partage de connaissances, ces temps enrichissent le groupe de nouvelles idées et d’alternatives inexplorées. Chacun peut proposer de transmettre ce qu’il sait faire. Laura, 8 ans, livre ainsi sa technique pour transformer de vieux T-shirts en sacs. Mais il y a aussi des ateliers d’écriture, de jeux de mots, de construction de cuiseurs autonomes, de conception d’attrape-rêves, décryptage de paroles sexistes dans les chansons, un temps de réflexion sur notre alimentation, une initiation à l’Espéranto, un cours de danse folk, un moment détente de pratique de massages intuitifs…
J’assiste aussi à un cercle de parole réservé aux femmes sur le thème de « se sentir femme ». Ce moment solennel se tient dans l’intimité de la nuit. Tout ce qui y est dit reste confidentiel et chacun est invité à s’exprimer en son nom propre sans émettre de jugements. Décidément, une expérience intéressante. A refaire !
Cette année, Vallée & Co. met à disposition son terrain. L’association fait la promotion de différentes activités aussi bien artisanales, agricoles, qu’éducatives ou culturelles et ce, dans le respect des valeurs écologiques. Elle privilégie la sylviculture douce, développe un jardin pédagogique et organise des projets en éco-construction.
En échange de leur contribution, les Ami-e-s participent à deux chantiers. Outre le ramassage de bûches dans la forêt, ils se sont attelés cette fois-ci à l’application d’un enduit terre sur une mini-construction en paille. Un premier cours avec Stéphan, formateur spécialisé, permet au petit groupe essentiellement composé de jeunes d’en apprendre les rudiments avant de se lancer. Si au début, tous s’activent précautionneusement à la tâche, rapidement le chantier dégénère en bataille de boue généralisée. Bientôt, chacun affiche des peintures rupestres de la tête aux pieds. Malheureusement, la terre protège assez bien du soleil, en cette journée particulièrement chaude. Plusieurs mois plus tard, un smiley hilare s’affiche toujours dans mon dos…
La vie de camp
Le séjour est marqué par d’importantes chaleurs. L’ombre sur le camp se fait rare. Aussi, certains partent se rafraichir à la rivière pendant que d’autres discutent sous les arbres. Quelques jeunes s’entassent joyeusement dans l’unique hamac à quelques pas de là. Lorsque le temps est plus clément, les enfants jouent dans leurs cabanes pendant que les ados jonglent ou font des parties de Loups-Garous.
Il y a aussi une tradition très prise au sérieux par les Ami-e-s : les tas. Allongés dans l’herbe, les uns sur les autres, les membres de la troupe composent une joyeuse mosaïque géante. Heureux d’être ensemble, tout simplement !
Deux événements importants marquent le séjour. A la lumière d’une unique ampoule, sous le Chapilopin, nous mettons en pratique nos cours de danse folk à l’occasion d’un grand bal. Nous tournoyons toute la soirée au rythme des guitares, du violon et de l’accordéon.
En fin de séjour a lieu le spectacle de fin de camp. Au programme : musique, chansons, démonstration de danse intuitive, jonglage… Parfois, l’attirante lumière de la scène retient certains jeunes artistes qui ont alors le plus grand mal à clore leur performance. Un numéro de clowns s’improvise pour changer l’ampoule défectueuse au plus grand plaisir des spectateurs.
En fin de journée, tous se retrouvent autour du feu pour une veillée sous les étoiles. Guitaristes et chanteurs entament des chansons connues de la plupart. La « tendresse » de Bourvil s’élève dans la nuit, portée par un entrain particulier. Les plus jeunes somnolent, emmitouflés dans leurs couvertures. Vers minuit, les uns après les autres, les Ami-e-s rejoignent leurs tentes respectives. Quelques courageux préfèrent s’assoupir auprès du foyer. Le camp s’endort enfin d’un repos bien mérité.
C’est ainsi que s’est déroulé ma première Rencontre. Une chose est certaine, je reviens l’année prochaine !
Une amie de Silence – 2017